Etat des lieux
La question de la dépendance est une des problématiques nationales conséquente de l’allongement de la durée de vie. Ainsi, plus 4,8 millions de personnes seront « dépendantes » nationalement en 2050 dont plus de 35 000 personnes en Bretagne en 2030 selon l’INSEE.
Les établissements collectifs
Les EPHAD restent très coûteux et n’avait pas forcément bonne réputation avant “les fossoyeurs“. Depuis, l’affaire ORPEA est passée par là. Celle-ci montre la complexité et l’essoufflement du système fondé essentiellement sur l’hébergement collectif et sans doute aussi, ne détournons pas le regard, l’appât du gain. Avec l’outrance de la situation, il me semble qu’il faut regarder les choses en face et arrêter d’être policé.
Pour autant, d’autres initiatives restent constructives : les maisons seniors, les habitats inter-générationnels, les colocations entre personnes âgées. Mais quelle différence ? En effet, le cadre est sûrement légèrement moins professionnel, plus humain et sûrement moins « hygiéniste » pourrais je dire. Pourtant, cela fonctionne bien avec des retours encourageants. La différence est notable pourtant : c’est le cadre idéologique. A faire dans la technique, comme tristement dans les EPHAD on oublie trop souvent qu’un projet de vie était avant tout un projet d’idées, de vision et que la technique ne devait que servir le projet et non le remplacer. Je n’oublie pas non plus que les profils sont aussi différents entre les établissements.
Les services d’aide à domicile
Il en va de même dans le service à domicile, précisons les Services d’Aide et d’Accompagnement à Domicile (SAAD). Leur développement sont conséquents, plusieurs enseignes dont PHILIA, Accompagnement à domicile tentent de répondre aux besoins des personnes pour rester chez elles. Il semble que les retours de la crise sanitaire de la Covid-19 ne font que renforcer, d’une part, la volonté des personnes à rester chez elles au vu du nombre de décès dans les EHPAD et du sentiment d’isolement accru par l’absence de visite de leur famille. D’autre part, cette crise a mis l’accent et le focus sur les services d’aide à la personne qui ont, même durant cette période difficile, assuré un service continu et de qualité auprès des bénéficiaires.
La loi ASV de 2015 a fait, il ne faut pas se le cacher, des autorisations expresses. En effet, les services rendant des prestations auprès de personnes âgées agrémentés sont devenues – par seul effet de la loi – des services autorisés. Ainsi, – certains – services qui n’avaient pas plus d’âme, ou de démarche que du service se voulant seulement rentable ont un peu partout été autorisés. Loin de moi ni l’envie de faire des généralités (mais de ponctuer ce que le secteur constate depuis longtemps) ; ni l’envie d’opposer le fait de gagner sa vie et de rendre des services humains de qualités. Évidemment, le privé sait très bien faire de la qualité de service, c’est d’ailleurs son seul savoir-faire. Néanmoins, force est de constater que dans le secteur du SAAD, – certains – sont plus proches de nos amis du confort que de l’accompagnement.
Une autre vision de l’autonomie
Pour autant, la question de l’idéologie, qui n’est pas un gros mot, reste, il me semble, essentiel. Rester à domicile : pourquoi, pour quoi, comment, dans quelle mesure, avec quels moyens… Avec quelle démarche ?
L’autonomie est l’un des totems phare du milieu du médico-social. On verra d’ailleurs fleurir au printemps les premiers services autonomies issus des nouvelles obligations des Services Infirmiers (SIAD). L’on parlera encore d’autonomie dans la loi dite « grand âge » en fin d’année 2023.
L’autonomie est donc devenue transversale. C’est certes une valeur, une idée qui donne lieu à discussion, une vision même, répondant à une définition commune, mais dont l’échelle est propre à chacun. Parfait, me direz vous. Vous vouliez du sens, en voilà. Les solutions simples, comme souvent, et notamment humainement, donnent lieu à débat complexe sur leurs natures ou leurs effets.
La définition d’abord : l’indépendance face à un pouvoir extérieur pourrait on résumé. L’autonomie serait donc un des attributs de la personne libre. La laisser faire ce qu’elle veut. L’échelle de cette indépendance étant laissé librement à ceux qui en disposent. Or, on peut légitimement se poser la question : n’est ce pas antinomique de parler d’aide à domicile de façon autonome ?
En effet, la notion domicile pour des raisons sociales et juridiques est devenue le siège de la vie privée, et, hors abus de droit, de facto de l’autonomie. Elle s’oppose manifestement à la voie publique, lieu de liberté collective. Or, le domicile n’est jamais ressentie comme tels dans d’établissement collectif au vu de la densité des parties communes et de la liberté de passage ne facilitant ni une vie privée et ni l’intimité pour des raisons de sécurité médicale compréhensible. Ainsi, au domicile, dans cet espace au plus haut rang personnel, une personne viendrait aider ou accompagner cette personne autonome. Étrange conception de prime abord…
J’y réponds, il ne me semble pas que cela soit contradictoire. Il est aussi totalement indépendant et autonome de pouvoir compter sur les autres. Les sociétés humaines sont d’ailleurs fondées – essentiellement – sur l’entraide. J’enfonce une porte ouverte, mais nous ne savons pas tout, ni ne savons tout faire et nous sommes toujours content de pouvoir compter sur les autres. En l’espèce, cela serait surtout de ne plus pouvoir, ou en tout cas, de ne plus pouvoir faire intégralement ce que l’on pouvait faire initialement..
Il peut donc en être de même dans le service à domicile, on peut compter sur eux pour maintenir l’autonomie, j’y crois sincèrement. Toutefois, comme tout concept, la force d’une idée se mesure à l’épreuve de la réalité. La technique a-t-on dit est au service de l’idée. Quelle méthode est employée pour favoriser l’autonomie ? Le choix du projet de vie est il a lui seul facteur d’une autonomie réelle ? Faire pour la personne, avec toute les meilleurs intentions du monde, est il vraiment signe d’autonomie ? Comment borner l’intervention, déjà bornée par d’autres raisons, pour ne pas faire une tâche ou une partie d’une tâche que la personne aurait pu faire elle-même si on l’avait juste sécurisé pour le faire ? Ça va tellement plus vite de faire…
L’espoir à domicile
Je suis solennellement conscient que bon nombre d’acteurs du médico-social, ont à cœur de faire au mieux, mais que pour des raisons, de financement, de temps, d’effectif essayent tout au moins de ne pas anticiper des besoins qui pourraient être entretenus seul. Cependant, soyons honnête, vu les contraintes incroyables du secteur, c’est déjà un vrai effort. Mais est ce suffisant ? Est intégralement étique si l’on y réfléchit ? Est-ce à la hauteur des valeurs que nous partageons tous sûrement ?
Tant de questions qu’il faudra se poser au bon moment pour traiter de cet enjeu essentiel de société qu’est celui du grand âge et de l’autonomie en France dans les mois, la riche année 2023 et les années qui se suivront.
Merci de votre lecture et n’hésitez pas à me partager vos réflexions.
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